Les plus anciens vapoteurs se souviennent de l’omniprésence du plot 510 durant les années 2010. Ce système de connexion, standardisé entre les fabricants d’e-cigarettes, permettait d’assembler n’importe quel atomiseur à n’importe quel mod pour créer une vape sur-mesure.
En ce temps-là, la vape avait encore un côté artisanal non négligeable et le reconstructible régnait parmi les amateurs éclairés.

Pour se sevrer efficacement du tabac, les vapoteurs devaient accroître la puissance de leur matériel, car augmenter la nicotine provoquait trop d’irritation dans la gorge. Ainsi, de nombreux utilisateurs se retrouvèrent à vaper du 3 ou du 6 mg entre 30 et 50 watts.

Et la Silicon Valley s’en mêla

Le marché de la vape, qui offrait une croissance à deux chiffres année après année, commença à attirer le regard de la Silicon Valley et une startup émergea à San Francisco : Juul Labs.

Savez-vous quelle est l’invention majeure de Juul Labs ? Ce sont les sels de nicotine.

Nous évoquions plus haut la nécessité d’augmenter la puissance de son matériel pour se sevrer efficacement du tabac à cause d’irritations trop prononcées de la nicotine à fort dosage. C’est justement ce problème que les sels de nicotine viennent éliminer. Les e-liquides classiques provoquent une irritation de la gorge car la nicotine possède un pH trop basique. Or, les sels de nicotine sont créés par l’ajout d’un acide à la nicotine. Cet acide baisse le pH qui se rapproche alors d’un pH neutre et l’irritation n’apparaît pas.

Sans irritation, plus besoin de puissance

Ce problème réglé, la puissance n’est plus nécessaire. Il est désormais possible d’agir directement sur le dosage de nicotine et d’aller beaucoup plus loin qu’avant avec des taux jusqu’à 36 mg. Les dirigeants de Juul Labs comprennent alors qu’ils doivent produire un nouveau type de e-cig, pensé pour être utilisé avec leurs e-liquides aux sels de nicotine. Dans ce processus, Juul Labs n’hésite pas à se débarrasser de tous les standards qui existaient dans la vape : plot 510, drip tip, réservoir rechargeable, …

Le résultat, la Juul, n’est pas une e-cigarette. C’est un pod.
Petit, léger, consommant peu d’énergie et donc peu de e-liquide, le succès fut immédiat.

Bien entendu, la concurrence a vite remarqué la prise de parts de marché de Juul Labs aux États-Unis (ainsi que la capitalisation de l’entreprise). C’est donc très rapidement que les acteurs majeurs de l’industrie de la vape ont répliqué en sortant leur propres pods.

Le pod est partout

Depuis la première Juul, le pod a parcouru beaucoup de chemin. Il est désormais à son tour omniprésent, comme l’était le plot 510 en son temps. Cependant, au contraire de son ancêtre, aucun standard n’en a émergé. Si ce n’est pas une bonne nouvelle pour celui qui souhaiterait essayer de nombreuses combinaisons entre pods et batteries, c’est une excellente nouvelle pour l’innovation et le style. En effet, affranchi de devoir respecter une quelconque norme d’assemblage ou de forme par rapport à la concurrence, le pod possède une infinité de designs différents créant autant de sensations différentes en bouche. La connexion peut être magnétique, par ajustement, par vis, tout devient possible, et les fabricants l’ont bien compris.

Par ses innovations, le pod a offert aux vapoteurs un choix extrêmement vaste et sa démocratisation a permis de faire baisser drastiquement les prix pour aider chaque fumeur à abandonner la cigarette plus facilement.